L’instruction dans les familles et la loi du 28 mars 1882 : paradoxe, controverses, mise en œuvre (1880-1914)

Le present article s’interesse a un aspect peu explore de la loi d’obligation scolaire du 28 mars 1882 consigne dans son article 4 concernant la possibilite d’une instruction a domicile : « L’instruction primaire […] obligatoire […] peut etre donnee soit dans les etablissements d’instruction primaire ou secondaire, soit dans les ecoles publiques ou libres, soit dans les familles, par le pere de famille lui-meme ou par toute personne qu’il aura choisie ». Un premier temps de l’investigation est consacre a l’examen du cadre juridique liant l’instruction obligatoire et la possibilite de la realiser dans les familles. En appui sur la publication des Debats parlementaires, sont ensuite analyses les debats et controverses auxquels cette disposition particuliere a donne lieu (1880-1882), a propos notamment de l’instauration du principe d’un examen a l’intention des enfants instruits dans leurs familles, de son contenu, de sa frequence et de la composition des jurys. Dans un troisieme temps enfin, sur la base d’un fonds depose aux Archives nationales et du recours a quelques archives municipales significatives, l’etude met au jour les difficultes de mise en œuvre de cet aspect de la loi, le caractere mitige des premiers bilans etablis par les autorites academiques au sujet des controles effectues par les commissions scolaires (entre 1885 et 1914), et surtout la disparite des traitements selon l’origine socioculturelle des publics consideres, les moins eleves dans la hierarchie sociale n’apparaissant pas traites avec le plus de menagement.