La dysarthrie dans la maladie de Parkinson

La maladie de Parkinson represente une atteinte particuliere du systeme nerveux central, caracterisee par un dysfonctionnement chronique des noyaux gris centraux, dont le role est essentiel dans le controle de l'execution des plans moteurs appris. Sa physiopathologie provoque une rigidite generale des muscles, des tremblements (surtout des membres) et une difficulte a demarrer les sequences motrices. Outre un ralentissement general des mouvements (bradykinesie) ses consequences sur les muscles du conduit vocal et du larynx sont aggravees par un manque de sensations proprioceptives de la langue et de la mandibule provoque par l'atteinte des ganglions de la base. Les troubles de la production de parole au cours de la maladie de Parkinson constituent un des marqueurs cliniques representatifs de l'evolution du handicap moteur a l'instar d'autres activites motrices complexes comme les troubles de l'equilibre et de la marche. Les troubles de la parole penalisent particulierement l'autonomie des patients en deteriorant leur capacite de communication au cours de l'evolution de la maladie La caracteristique principale des troubles de la production vocale observes au cours de la maladie de Parkinson est une dysarthrie qualifiee d'hypokinetique, ce terme faisant non seulement reference a la reduction des mouvements articulatoires mais aussi a la diminution de la modulation prosodique de la parole par ailleurs qualifiee de monotone. On constate au cours de la maladie une progression « caudo-rostrale » des troubles du conduit vocal, debutant au niveau larynge pour atteindre ensuite la partie posterieure de la constriction linguo-palatine, puis sa partie anterieure et enfin la constriction bilabiale. La precession d'une dysphonie et de la dysprosodie est rapportee d'une maniere generale chez les patients parkinsoniens avec handicap moteur faible et independants dans leur vie quotidienne. Les anomalies observees globalement sont une reduction d'intensite, une monotonie et un debit ralenti que l'on peut definir plus precisement par la diminution d'energie du signal vocal, la reduction de variabilite de la hauteur (dynamique de la Fo) et l'augmentation du nombre de pauses « non remplies ». Comme elle apparait des les premieres atteintes de la maladie, l'insuffisance prosodique constitue probablement la marque la plus specifique des troubles de la parole dans la maladie de Parkinson. Apparaissent ensuite, des atteintes articulatoires qui degradent progressivement l'intelligibilite. Outre l'imprecision des consonnes, deviance assez peu specifique puisqu'elle est presente dans toutes les dysarthries, les anomalies articulatoires dans la maladie de Parkinson portent essentiellement sur les consonnes occlusives, lesquelles sont percues comme des constrictives, temoignant d'une fermeture insuffisante du conduit vocal. Pour les voyelles, la tendance a la reduction de la surface du triangle vocalique rapportee chez les patients parkinsoniens peut rendre compte de la dedifferenciation des voyelles, ce qui contribue avec les phenomenes de spirantisation et de coarticulation a la reduction des contrastes acoustiques. L'image d'une trajectoire evolutive globale des troubles de la parole au cours de la maladie de Parkinson ne doit pas faire oublier la tres grande variabilite interindividuelle du phenotype et de tenir compte de la problematique generale de reproductibilite des observations et des enregistrements chez un patient donne.

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