Écoconception : état de l’art des outils disponibles

La recherche d’un developpement durable (Schmidheiny, 1992) mene certaines entreprises a approfondir une demarche caracterisee par l’integration de la donnee ecologique des l’amont des projets industriels et, en particulier, au niveau de la conception des produits. Cette approche permet en effet la minimisation des impacts a la source dans une optique de prevention des pollutions. Elle est largement preferable a l’approche curative, actuellement majoritaire au sein de la culture industrielle, traduite le plus souvent par un report de la pollution (l’epuration des eaux conduit a la formation de boues, qu’il faut traiter). En agissant au niveau de la conception des produits, les performances environnementales ont en effet toutes les chances d’etre optimales. Ainsi, jusqu’a 80 % des nuisances d’un produit tout au long de son cycle de vie sont determinees des la phase de conception (De Winter & Kals, 1994), d’ou l’importance de reflechir a l’integration de la donnee ecologique des cette etape : reflechir au traitement du produit usage, en termes d’aptitude au demontage, a la reutilisation, a la valorisation... Le terme generique anglosaxon « Design for Environnement », que l’on traduit ici par le terme ecoconception ou integration de l’environnement dans la conception de produits , inclut plusieurs types de conception selon Sweatman & Simon (1996) : la conception en vue d’optimiser l’efficacite energetique ; la conception en vue d’optimiser la production ; la conception en vue du recyclage, qui regroupe : la conception facilitant la recuperation, la conception facilitant le desassemblage, la conception facilitant la reparation, la maintenance, la reutilisation, la depollution. Les efforts en matiere d’ecoconception peuvent, par ailleurs, porter sur une ou plusieurs des phases du cycle de vie du produit : la phase de developpement du produit par le biais d’utilisation de materiaux recycles ou recyclables, de materiaux moins energivores ; la phase de fabrication avec l’emploi de procedes necessitant moins de materiaux ; la phase de distribution-transport avec la diminution du volume ou du poids ou l’utilisation de materiaux recycles pour les emballages ; la phase d’utilisation avec une moindre consommation d’energie, un accroissement de la duree de vie ou encore une aide a la maintenance ; la phase de fin de vie avec une aide au desassemblage ou a la preservation de la qualite des materiaux. Les objectifs d’amelioration choisis par l’entreprise dans le cadre de sa strategie pouvant etre variables, cela se traduit par des niveaux d’action differents (Alting & Legarth, 1995). Les resultats d’une enquete realisee par l’equipe de recherche de l’Universite hollandaise de Delft (van Hemel, 1995), sur de petites et moyennes entreprises de divers secteurs d’activite, a montre ainsi que les quatre strategies d’ecoconception les plus retenues sont : le recyclage, la reduction du poids et du nombre de composants, les materiaux a moindre impact et les produits de haute fiabilite. Une autre etude menee par le Centre for Sustainable Design en Grande-Bretagne aupres d’entreprises de l’electronique a revele, par ailleurs, que la strategie d’aide au desassemblage etait celle la plus envisagee dans ce domaine (Centre for Sustainable Design, 1996). Cependant, cette prise en compte de l’environnement des la conception du produit n’est encore que tres peu developpee aujourd’hui, et les recherches faites dans le domaine sont essentiellement realisees au sein de grands groupes aux ressources financieres importantes. Les investissements necessaires pour concevoir des produits a moindre impact sur l’environnement sont en effet souvent onereux et aux retours sur le long terme (Graedel & Allenby, 1996). Ceci explique en partie le moindre engouement des petites et moyennes entreprises dont les capacites financieres sont reduites et la vision plutot orientee court terme. L’integration de ce nouveau critere des la phase de conception du produit peut toutefois s’averer comme source d’opportunites concurrentielles, et ce au meme titre que la qualite ou la maitrise des couts. Cependant, le niveau de remise en question qu’il necessite oblige l’industriel a changer ses modes de pensee, d’action et d’organisation, ce qui rend son developpement encore plus delicat. Afin d’aider les concepteurs a evaluer leurs produits et les conseiller sur les ameliorations environnementales a envisager, un certain nombre d’equipes de recherche (se reporter au « Pour en savoir plus ») a deja elabore divers outils (Poyner & Simon, 1995). Tout en integrant l’environnement, ces outils doivent chercher a maintenir la fonctionnalite des produits sans pour autant en accroitre les couts. Ces outils peuvent etre organises autour d’une double classification, objet de cet article, distinguant : les outils d’evaluation de l’impact environnemental du produit sur l’environnement ; les outils d’amelioration de la conception environnementale du produit.