Culture et société

La représentation de l'espace, dans le théâtre religieux médiéval, concerne un espace sacré suggéré par un texte réduisant le cosmos à une série d'oppositions théologiques et morales sans référence à quelque théorie scientifique de l'univers. En utilisant la plupart des documents significatifs conservés, descriptions de scènes théâtrales, contrats de charpentiers, livres de comptes, documents iconographiques, Elie Kônigson a voulu montrer comment la continuité d'un espace symbolique de représentation, né au sein de l'abbaye carolingienne, n'a pas été affectée par les variations esthétiques inhérentes au passage de l'enceinte cléricale, où le jeu liturgique était d'abord l'expression du clergé par le clergé, au milieu urbain où le théâtre des mystères est réalisé « avec des moyens qui relèvent d'un espace nouveau... dans un contexte social précis », dont l'expression se retrouve dans le théâtre civique des Entrées royales, aux tableaux vivants parfois inspirés des mêmes textes évangéliques ou apocryphes '. Dès la fin du vm siècle, la liturgie pascale se déroule dans le massif occidental de l'antéglise, sanctuaire autonome dédié au Saint-Sauveur, en associant le culte des morts, la Descente aux Limbes et la Résurrection dans un ensemble architectural reprenant la symbolique apocalyptique attachée au Saint-Sépulcre de Jérusalem, au pied de la tribune impériale dans les édifices rhénans, liant ainsi la grottemontagne de la Nativité ou du Sépulcre au culte impérial. Elie Kônigson se rallie ainsi à la thèse de Carol Heitz plaçant le drame liturgique pascal, substitué au x siècle au culte du Saint-Sauveur, dans l'antéglise occidentale, le Galilée clunisien , mais en intégrant son espace dramatique à l'ensemble de l'Église par suite de la participation vocale et processionnelle d'une communauté monastique vivant le jeu dramatique comme une participation mystique autour de trois pôles symboliques, le porche ou le narthex, sépulcre ou enfer, surmonté de la tribune des anges, le milieu de la nef ou la croisée du transept, où une petite estrade évoque des lieux multiples, château, palais ou ville, le chœur autour de l'autel, au-dessus des reliques de la crypte.