Les deux faces du confinement. Préoccupations et satisfactions des personnes atteintes de cancer pendant le confinement

Objectif et méthode : Quelle a été l’expérience du confinement (16 mars 2020–11 mai 2020) en France, chez les patients atteints de cancer ? Au travers de questions ouvertes envoyées par messagerie électronique pendant les deux dernières semaines du confinement (27 avril–11 mai 2020), l’enquête BaroCov a étudié, auprès de patients suivis à l’institut Curie, les motifs de préoccupation et de satisfaction. À partir des réponses libres, 12 thématiques de préoccupation et 8 thématiques de satisfaction ont été extraites de manière inductive, à partir desquelles les réponses ont été codées puis analysées statistiquement. Résultats : Deux mille quatre cent soixante-dix-huit patients ont répondu, dont 90 % ont plus de 40 ans et 58,9 % entre 40 et 65 ans. Quatre-vingt-trois pour cent sont des femmes. Cinquante et un pour cent vivent à Paris et en proche banlieue. 61,4 % déclarent être en cours de traitement. Préoccupations : Les préoccupations concernaient la santé chez deux tiers des répondants (63,6 %). Elles avaient rapport avec le cancer chez la moitié (45,5 %), dont 9,8 % sur la poursuite du traitement et 5,7%sur les effets secondaires. La Covid-19 préoccupait un cinquième (18,1 %) des personnes. Un quart des répondants citaient comme thématique soit la vie quotidienne (16,6 %) [ne pas vivre comme d’habitude, l’activité professionnelle, l’argent, le logement, le climat social], soit les proches (12,8 %) [la séparation, leur santé, leur avenir]. Appréciations : Un tiers des répondants (33,7 %) citaient les relations avec les proches et un autre tiers (32 %) les conditions de vie (avec la qualité de vie chez 14,6 %, prendre son temps chez 10 % et la nature chez 7,4 %). Plus de 10 % des personnes (13,5 %) citaient spontanément une thématique liée à la maladie (chez 7,3 %, l’état de santé et chez 6,2 % les soins). La thématique du travail n’apparaissait quasiment pas (2,8 %). Conclusion : Le thème principal cité pendant le confinement n’était pas la Covid-19, mais plutôt les polarités existentielles de la vie face au cancer avec d’un côté la peur et les préoccupations liées à la maladie et de l’autre l’importance de l’entourage et la réévaluation positive de la vie quotidienne.