Solidarity, Self-Interest and the Unionization Differential Between Europe and North America
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En Europe, le pourcentage des travailleurs syndiques est plus grand qu'il ne l'est aux Etats-Unis et au Canada. Cette situation intrigue a bien des titres. Les clauses de securite syndicale sont beaucoup moins repandues en Europe qu'elles ne le sont en Amerique du Nord. En Europe, la negociation collective se fait surtout au niveau des branches industrielles et les conventions ne fixent que des conditions minimales qui s'appliquent aux travailleurs non-syndiques comme aux travailleurs syndiques. En outre, les syndicats europeens n'ont generalement pas ete en mesure d'etablir des sections au niveau des usines comme on a pu y arriver en Amerique du Nord. Ce sont les comites de travailleurs elus par l'ensemble des employes de l'entreprise qui constituent l'organisation syndicale principale a la base. Etant donne ces caracteristiques du regime des relations de travail en Europe, on pourrait s'attendre a un « parasitisme » exuberant et a un degre de syndicalisation tres bas. L'explication connue de ce paradoxe, c'est que les travailleurs europeens feraient preuve d'un plus grand esprit de solidarite a l'egard de leurs syndicats. L'explication de ce phenomene par l'esprit de solidarite s'efface devant la realite omnipresente de l'interet personnel. Donc, si l'on accepte l'explication que les travailleurs agissent pousses par des sentiments de solidarite envers leurs syndicats, force est de dire que les travailleurs europeens ont un comportement anormal. Des etudes recentes demontrent pourtant que les travailleurs europeens ne sont pas moins normaux que les camarades americains. En realite, ils adherent aux syndicats dans l'espoir d'en retirer des avantages personnels, ce qui, pour eux, consiste avant tout a se proteger contre les decisions patronales unilaterales qui peuvent etre a leur detriment. On a decouvert deux facteurs qui seraient de nature a expliquer ces contradictions dans le comportement des syndiques europeens et des syndiques americains: les differences de structure des regimes de relations du travail et la force de la pression sociale diffuse. En Europe, il n'est pas necessaire que les syndicats obtiennent une majorite d'adherents dans une unite de negociation donnee pour que les travailleurs puissent beneficier de leur protection. Au contraire, meme dans lesentreprises ou les syndicats ne comptent que peu de membres, ceux-la peuvent intervenir au nom d'un membre qui s'estime traite injustment. Contrairement a ce qui se passe en Amerique du Nord, les valeurs sociales communement acceptees outre-Atlantique empechent les employeurs de chercher a contrecarrer les tentatives de syndicalisation. D'autre part, a cause de la puissance politique dustanding social des syndicats, les employeurs ne sont pas enclins a prendre a la legere les demarches des syndicats en faveur de leurs membres. De plus, le concept de « grief » n'est pas tres bien fixe et les syndicats se trouvent ainsi en mesure d'intervenir en faveur de leurs membres sur un grand nombre de points, qu'il en soit traite ou non dans les conventions collectives. Les syndicats ne sont pas non plus obliges de defendre les interets des non-membres et, en consequence, seuls les membres des syndicats beneficient de ce que Mark von de Vall a appele « une assurance contre la discorde ». Meme si la legislation du travail favorise certainement la negociation collective en Amerique du Nord et, de facon indirecte, les syndicats qui la rendent possible, en realite la legislation nuit a leur developpement. Meme si une minorite importante de salaries dans une entreprise donnee ou une « unite de negociation appropriee » peut desirer les services d'un syndicat, le syndicat ne peut pas faire beaucoup pour eux. En outre, la legislation du travail en Amerique du Nord autorise le « droit » des employeurs de « combattre » la syndicalisation, ce qui est contraire aux valeurs et aux moeurs europeennes. Enfin, il y a certains indices qui demontrent que, en depit de l'absence de retenue obligatoire des cotisations syndicales, dans beaucoup de pays d'Europe, la pression sociale ambiante qui s'exerce sur les travailleurs pour les inciter a adherer aux syndicats est considerable.