Digestion patrimoniale. Contestations autour d’un ancien musée des colonies à Paris

Si le Palais de la Porte Doree, a Paris, a toujours abrite un musee, ses contenus et leur interpretation ont varie : colonies, outre-mer, arts lointains puis immigration. Ces evolutions patrimoniales n’ont pas ete sans heurts, que la requalification porte sur les collections ou le bâtiment, construit en 1931 pour l’Exposition coloniale. Certaines contestations visent les destinations patrimoniales de l’edifice : greves des personnels, pour la fermeture du Musee national des arts d’Afrique et d’Oceanie (2003) ; manifestations de militants exterieurs, controverses et demissions d’intellectuels, lors de l’installation de la Cite nationale de l’Histoire de l’immigration (2007). D’autres contestations ne prennent plus ce patrimoine pour enjeu mais comme levier pour servir une cause : independance d’anciennes colonies ; regularisation d’immigres « sans-papiers ». L’occupation des lieux par des « travailleurs grevistes sans-papiers » durant l’hiver 2010 est au centre de l’attention, a travers l’analyse de l’originalite d’outils de contestation relevant de la sphere patrimoniale : accompagnement de la lutte par des photographes ou illustrateurs, edition d’ouvrages, montage d’expositions par des militants, collecte en continu par le musee… Est ici interrogee la capacite quasi immediate de « digestion » des evenements presents par le paradigme patrimonial.