Estimation du nombre et de la nature des interactions médicamenteuses concernant les médicaments anticancéreux

Les molecules anticancereuses presentent de nombreuses interactions medicamenteuses. Le patient atteint de cancer est souvent polymedique et les differents professionnels de sante ne connaissent pas toujours l’ensemble de son traitement medicamenteux. L’objectif de cet article est de presenter le nombre et la nature des interactions medicamenteuses recensees a partir des donnees de la litterature pour les molecules anticancereuses utilisees dans les tumeurs solides et de preciser, quand elles existent, les conduites a tenir. Une recherche bibliographique a ete realisee a l’aide du dictionnaire Vidal ®, du thesaurus des interactions medicamenteuses de l’Afssaps, du dossier du CNHIM et de publications scientifiques. Pour les 40 molecules etudiees, 726 interactions ont ete recensees ; 186 ont ete identifiees a partir du Vidal ®, 356 a partir d’articles scientifiques et 184 a partir des autres sources bibliographiques. Les molecules anticancereuses le plus souvent impliquees sont l’ifosfamide, le paclitaxel et l’erlotinib et, pour les classes ATC associees, les anti-infectieux generaux a usage systemique, les medicaments des voies digestives et du metabolisme et les medicaments du systeme nerveux. La classe des antiretroviraux presente de nombreuses interactions medicamenteuses avec les molecules anticancereuses, notamment le ritonavir, le tipranavir et l’efavirenz. Sept contre-indications ont ete relevees, 15 associations medicamenteuses sont deconseillees ; pour 577 interactions, aucun niveau de contrainte n’est evoque. Pour 58 % des interactions recensees, aucune conduite a tenir n’est precisee dans la source bibliographique. L’attention des professionnels de sante doit etre attiree sur le fait que le dictionnaire Vidal ® ne comporte que 26 % des interactions que nous avons referencees. La base de donnees que nous avons developpee permet de regrouper dans un seul document les interactions medicamenteuses repertoriees dans diverses sources documentaires. Sa mise en place s’inscrit dans une demarche de prise en charge pluridisciplinaire du patient atteint de cancer et son emploi repose sur une communication accrue entre les equipes medicales et l’equipe pharmaceutique.