Violences urbaines et restauration de l'identité spatiale masculine

Le theme des violences urbaines a envahi les champs du politique, de la morale, et prend meme de l'importance dans celui de l'economique. Les auteurs de tels mefaits paraissent bien identifies. A en croire les medias, les pouvoirs publics, les elus et beaucoup de travaux de recherche, les principaux responsables des agressions sont, explicitement et de facon quasi unanime, les « jeunes » appartenant a des familles issues de l'immigration et vivant dans les banlieues desheritees des peripheries urbaines. La proximite residentielle joue un role complexe dans la relation au monde que les « jeunes » de ces banlieues etablissent a travers leurs actions sur l'espace. Elle est certes une « zone pourrie », symbole d'ennui et d'exclusion sociale : hommes et femmes estiment qu'en sortir est le seul moyen de s'en sortir. Mais a la difference des femmes, les hommes la decrivent aussi comme un territoire ou ils sont chez eux, qu'ils se sont appropries au fil du temps. Les « bandes » et reseaux dont ils font partie sont certes ephemeres et fragiles, mais ils y puisent amitie et solidarite, souvent aussi des revenus financiers. En examinant les conduites des acteurs, il apparait que les violences s 'exprimant « en public » sont une (re)affirmation des traditionnelles valeurs de feminite et de masculinite, voire de virilite, qui identifient tres fortement tout espace residentiel dans la ville moderne.