Akrasia pratique et akrasia épistémique

L’akrasia designe en grec l’absence de controle. Mais il y a plusieurs sortes d’absence de controle, et plusieurs sortes de controle. On peut parler de controle sur nos action, sur nos intentions, sur nos emotions ou nos passions, et peut etre – c’est ce qui est en question ici – de controle sur nos croyances. Ordinairement l’akrasia est definie comme un manque controle sur nos actions, et particulierement sur nos intentions et notre volonte. C’est pourquoi on l’appelle souvent faiblesse de la volonte. Mais il y a aussi plusieurs sortes de manque de controle. On peut perdre totalement controle, ou bien partiellement, sur l’un ou l’autre de ses etats. Les deux ne reviennent pas au meme. L’akrasia n’est pas, en general, une perte de controle total. C’est seulement une perte de controle partiel. C’est ce qu’implique la comparaison d’Aristote avec l’homme ivre qui recite les vers d’Empedocle, qui perd en partie controle de lui-meme, mais pas totalement (Ethique a Nicomaque, VII, 1147b 12). L’akratique n’est pas celui qui perd les pedales. Hume parlait de passions calmes, et Austin evoque le don d’Oxford qui, a la high table, mange calmement, froidement, toute la bombe glacee.L’akratique n’est pas un aliene ni un sujet compulsif. Davidson evoque Medee : « Je sais bien quelle vilenie j’ai l’intention de faire. Mais plus forte que ce que je peux penser apres coup est ma fureur » et appelle « principe de Medee » le principe selon lequel l’agent perd totalement controle de lui-meme et est vaincu par la passion. Mais l’agent akratique ne perd pas controle a la maniere de Medee. Il agit deliberement. Il est egalement conscient de ce qu’il fait. La definition la plus generale de l’akrasia est donc : la capacite a faire librement, deliberement ce que l’on juge devoir ne pas faire ou contre son meilleur jugement. Dans l’akrasia, decrite de la maniere la plus generale il y a donc deux conditions :