La Philosophie et les ordinateurs
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On tente souvent de calmer la frayeur de certains humanistes a l'egard de l'ordinateur en le qualifiant d' « infatigable idiot sans cervelle ». Je ne vois pas d'objection particuliere a cette description sinon qu'elle suggere une fausse reponse a une question qui a trouble les philosophes recemment. Pour ma part, je m'interesse tres peu a la question tres generale et, a mon avis, largement contrefaite de savoir si les ordinateurs peuvent « penser ». L'eventualite que dans un proche avenir l'ordinateur soit en mesure de resoudre les principaux problemes de la philosophie ne m'effraie pas, mais, par contre, je suis heureux de profiter de toute aide la ou je la trouve. Quant a moi, je ne me sens menace ni en tant qu'individu ni en tant que philosophe. Ce n'est pour moi qu'une simple realite de la vie contemporaine; un don de notre environnement technologique complexe; un outil passionnant dont nous pouvons profiter si nous sommes prets a en payer le prix. S'il nous detruit dans l'avenir, eventualite concevable, ce ne sera pas parce que la machine est intrinsequement mauvaise mais bien plus probablement parce que nous, les humanistes, aurons choisi de l'ignorer ou meme de la mepriser plutot que de nous en servir avec un esprit critique et constructif a nos propres fins. Ce sera parce que nous aurons prefere conserver notre virginite d'erudits plutot que de nous meler au tohu-bohu veritablement intellectuel et professionnel inherent aux humanites les plus authentiques.
[1] M. Greenberger,et al. Management and the Computer of the Future. , 1963 .