Les familles pauvres sont-elles plus mal traitées en France ? Une comparaison des revenus minima garantis dans douze pays européens

Le fondement des revenus minima garantis, quand ils existent, est d’assurer un montant minimum de ressources monétaires aux membres de la société. Par construction, ils sont attribués aux ménages avec peu ou pas de revenus et constituent un élément central des politiques de lutte contre la pauvreté. Deux arguments principaux sont cependant fréquemment opposés si ce n’est au principe même de ces mécanismes, tout du moins au niveau considéré trop élevé des ressources garanties. L’un est relatif au coût de ces dispositifs pour les finances publiques. L’autre est relatif aux effets pervers ou de désincitation, ce qui revient à aller chercher du côté de l’offre de travail l’explication principale à l’exclusion du marché du travail, dit autrement à imputer l’existence même de personnes pauvres et privées d’emploi à la trop grande générosité de l’assistance couplée à l’inclination à la paresse ou « préférence pour le loisir ». Ces objections expliquent sans doute que, malgré une opulence jamais atteinte auparavant, nos sociétés accordent de faibles montants. Les barèmes peuvent être, comme c’est le cas en France, très en dessous des seuils de pauvreté monétaires même lorsque le seuil privilégié par les instituts statistiques et les pouvoirs publics est parmi les plus faibles à disposition sur le marché (Concialdi, 2002). En France, le niveau des minima sociaux est notoirement connu pour être insuffisant pour permettre à un ménage bénéficiaire de se nourrir, se vêtir, se loger, éduquer ses enfants, bref de vivre décemment voire de survivre longtemps