Résumé Le barrage de Manantali implanté sur le fleuve Sénégal en Afrique de l'Ouest, est destiné à satisfaire différents objectifs entre lesquels apparaît une forte concurrence (énergie et soutien d'étiage d'une part; soutien de crue d'autre part). En quantifiant les résultats pouvant être simultanément obtenus pour chacun de ces objectifs, l'étude explore une vaste gamme de stratégies de gestion compatibles avec la ressource en eau disponible. L'analyse consiste à simuler numériquement la gestion en temps réel du barrage sur la base des ressources en eau observées sur la période 1970–2000. Le soutien d'étiage est envisagé pour satisfaire de façon quasiment garantie les besoins de l'agriculture irriguée, considérés comme égaux, doublés ou triplés par rapport aux besoins actuels. Le soutien de crue est envisagé pour différents objectifs de superficies de cultures de décrue traduits en hydrogrammes de crue, et pour différents seuils de stocks conditionnant sa réalisation. Les résultats obtenus pour les 216 scénarios de gestion simulés montrent une relation linéaire remarquable entre l'énergie pouvant être produite en moyenne par année au barrage et la valeur moyenne des superficies pouvant être cultivées en décrue. Ainsi, prenant l'absence de soutien de crue comme scénario de base, il apparaît que la perte de production d'énergie entraînée en moyenne par chaque hectare supplémentaire rendu cultivable en décrue peut être estimée en terme de puissance constante à 614 W dans le cas des besoins actuels de l'irrigation, et à 789 W si ces besoins sont triplés. Tout en satisfaisant les besoins actuels de l'agriculture irriguée, il est possible d'envisager un soutien de crue garantissant chaque année une superficie cultivable en décrue d'au moins 45 000 ha et de 52 000 ha en moyenne, avec une production d'énergie annuelle d'au moins 372 GWh et de 768 GWh en moyenne.