Souffrance psychique liée au travail : étude réalisée chez 456 soignants d'un centre hospitalier universitaire.

Une enquete de sante mentale a ete menee par le service de medecine du travail du personnel d'un centre hospitalier de 4 085 agents non medicaux : l'objectif etant d'apprecier le lien entre souffrance psychique, organisation du travail, relations entre les soignants (2 392 personnes) et certains facteurs extraprofessionnels. Population et methodes L'enquete a ete effectuee aupres de 604 soignants selectionnes par tirage au sort proportionnel (25 %) et stratifie sur les trois categories de personnel (ASH/AS et AP/IDE, SF et P). Les questionnaires, restitues de maniere anonyme, comportaient 46 questions sur les caracteristiques sociales, professionnelles, le vecu au travail, ainsi qu'un questionnaire standardise de sante mentale (GHQ 12). L'exploitation a ete faite sur logiciel Epi-Info 6 pour l'analyse univariee et SPSS version 10 pour la multivariee. Resultats 456 questionnaires etaient exploitables (75 % des reponses). L'echantillon comprenait 91 % de femmes, d'âge moyen 38 ans. (42 ASH, 182 AS et AP, 201 IDE, SF et P). C'est ainsi que 30,2 % des soignants presentaient une souffrance psychique (score GHQ > 12). Ces derniers etaient les plus âges, ils evoquaient avant tout le manque de reconnaissance professionnelle, tant de la part de leurs collegues (p < 0,003) que de leurs superieurs (p < 0,005). Ils evoquaient egalement la perte du savoir acquis et l'impossibilite de faire des suggestions sur l'organisation du travail. L'epanouissement dans la vie extra-professionnelle semblait constituer un facteur de protection. En revanche, la souffrance psychique n'etait liee ni aux horaires, ni aux services d'affectation ou au grade. Conclusion Le medecin du travail, observateur privilegie des liens sante travail, doit pouvoir detecter la souffrance des soignants afin d'ameliorer le vecu professionnel; il faudra renforcer leur capacite decisionnelle et agir sur la reconnaissance au travail.